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UN VÉRITABLE ALLEMAND NE PEUT, ETC.

Allemand de nos jours pense, sent et parle comme s’il n’y avait jamais eu un Voltaire, un Lafayette, un Robespierre. Je trouve cela merveilleux. J’ai déjà déclaré que nous étions un peuple original, que nous n’imitions pas les Français. Après quelques péchés de jeunesse, nous voici à notre apogée et monarchistes décidés. Que les Russes et les Cosaques continuent nos rêves de liberté ; nous, nous restons un peuple original. La liberté est une phrase creuse, mais les milliards des Français sont un fait positif. La force est au-dessus de la liberté, et le succès nous donne raison. Lorsqu’il dit : « Je vois que nous ne pouvons rien savoir, » Faust n’est qu’un imbécile. Nous savons, nous, comment on fabrique les meilleurs fusils, les canons à longue portée, comment on transforme tout un peuple en soldats-machines ; que faut-il de plus ? Nous nous rions de ces grandes idées du siècle précédent qui nous avaient ravis, et nous nous en rions justement. Tant que cela semblait une honte d’être Allemand, nous nous disions citoyens du monde ; tant qu’on se moquait de nos trente-cinq rois et roitelets, nous étions républicains ; mais, aujourd’hui, c’est bien différent : l’Allemagne est puissante, son empereur considéré ; assez de phrases, assez.

— Voudriez-vous nous faire croire, monsieur,