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UN HEUREUX DÉBUT

vement de flanc stratégique lui permettant de coqueter avec Valéria, sans se donner le torticolis, et il coquetait avec une ardeur juvénile, un empressement d’autant plus grand que la jolie fille l’encourageait, tantôt par un long regard, tantôt par un sourire, et n’avait d’attention que pour lui.

— Qui est cette dame étrangère ? demanda-t-il au chef des garçons qui passait en ce moment avec son éternelle cravate blanche et sa figure couleur d’oignon rose, à sourire de faune stéréotypé. C’est sans doute une actrice.

— Elle se nomme mademoiselle Belmont, débute demain dans Lady Milford, beauté divine ; issue de famille noble ; très-fière, d’une vertu à toute épreuve, murmura le chef des garçons qu’on ne prenait jamais sans vert.

— Elle a des mains merveilleuses, dit l’un des convives que sa tête chauve, luisante, proclamait connaisseur.

— Vous a-t-il fallu tout ce temps pour vous en apercevoir ? questionna un autre convive ; vous me rappelez la parabole du chien mort que tout le monde trouve si laid et en qui le Christ finit, par louer les belles dents. Notre voisine est d’une beauté si parfaite qu’il faut n’avoir pas de goût pour la détailler.

Ces dernières paroles amenèrent une violente