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UN HEUREUX DÉBUT

cinquante florins ; après, cinquante. Convenu, n’est-ce pas ?

— Avec le plus grand plaisir.

— Le plaisir est tout pour moi, mademoiselle !… Pardon ; quel est votre nom ?

— Mon nom d’actrice est Valéria Belmont.

— Bien, très-bien. Votre serviteur, mademoiselle Belmont.

Marie s’inclina légèrement et avec grâce, imitant de son mieux les comtesses chez lesquelles elle était allée avec madame Peneke, et quitta le cabinet du directeur d’un pas rapide et fier. Plus rien en elle de la modeste jeune fille de la bourgeoise ; de la tête aux pieds, elle était maintenant Valéria Belmont, l’actrice, la femme qui voulait faire fortune, chercher le plaisir, le luxe, et qui ne craindrait pas de payer tout cela au prix qui lui serait demandé.

À la fin de la journée, Valéria Belmont avait déjà fait la connaissance de toutes les dames du théâtre ; elle s’était déjà mesurée hardiment avec l’héroïne qui, depuis trente ans, jouait les Catherine et les Élisabeth ; elle avait déjà lié connaissance avec la duègne comique qui était réellement comique, avec l’amoureux, réellement très-aimable, et avec l’ingénue qui était, sans aucun doute, l’innocence en personne. Dans la soirée, elle invita