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LE PENSUM DANGEREUX

C’est bien agréable d’avoir une fiancée, une femme, ou au besoin une mère qui « ne veut pas permettre ». Oldershausen se trouvait dans cette commode situation. Doué d’un talent de comédien aussi mince que tous ses autres talents, il n’avait pas l’air à son aise quand il lui fallut annoncer aux deux officiers de cavalerie à qui il avait confié son affaire d’honneur qu’il ne pouvait plus se battre. Avant de dîner chez M. Rosenzweig, il se rendit, avec ces deux officiers, à la maison d’Andor, ainsi que celui-ci l’avait exigé et fit des excuses. Après lui, le docteur s’excusa à son tour.

— Il a voulu se battre, dit à la mère d’Andor le capitaine Gerling, dont le vieux cœur de soldat s’épanouissait de joie et dont la pipe laissait échapper de formidables bouffées de fumée. Il a du sang de brave dans les veines. Ce sont peut-être ses vieux bouquins qui lui ont infusé cela aussi. Je suis content de lui. Un vrai soldat n’aurait pas mieux mené l’affaire à bonne fin.

Lorsque l’aiguille de la grande pendule approcha de l’heure à laquelle Andor avait coutume d’arriver chez les Teschenberg, dans l’après-midi, le cœur d’Hanna battait de plus en plus fort contre son corset ; de plus en plus elle baissait sa jolie petite figure rougissante sur le métier à broder devant elle.