Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
LE PENSUM DANGEREUX

le contraire de ce qu’elle et les autres invités attendaient.

— Monsieur le baron, reprit le docteur d’un ton ferme, incisif, il faut en tout cas plus d’esprit pour ennuyer les autres à ses propres dépens que pour les amuser aux dépens d’autrui.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? s’écria Oldershausen se levant et allant droit à Andor.

Il espérait lui en imposer par ses allures cavalières, mais il n’y parvint nullement.

— Cela veut dire que vous m’avez offensé, répliqua son interlocuteur.

— Et ?…

Ce « et » était accompagné d’un sourire narquois qui voulait être dominateur et n’était, en réalité, que commun.

— Et que je ne suis pas homme à supporter vos offenses… qui ne sont peut-être, en somme, que des grossièretés, des sottises.

Cette fois, le baron pâlit et se mordit les lèvres.

— Nous reparlerons de tout cela, murmura-t-il en tournant le dos au docteur.

Celui-ci s’inclina devant les dames et quitta le terrain de la lutte en vainqueur. Sa victoire se lisait facilement sur les figures des assistants qui le suivaient d’un œil moitié surpris, moitié admirateur.