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POINT D’HONNEUR

raient la petite maison de la rue des Lys. Quelques journaux racontèrent le fait de manière à chatouiller désagréablement les nerfs de Bismarck, mais… nous sommes en Allemagne ; la police dispersa le rassemblement ; les journaux furent supprimés, et de la tragédie il ne resta qu’un sujet de conversation pour les brasseries.

Keith fut mis aux arrêts, puis en prison pour trois mois. La vie d’un bourgeois n’est pas estimée plus que cela. Il faut reconnaître pourtant que le baron eut à subir une autre punition à laquelle il fut plus sensible ; on l’invita à donner sa démission.

L’invitation n’avait pas pour motif qu’il avait commis un meurtre, dans le sens vulgaire du mot ; non, elle avait pour motif qu’en commettant ce meurtre, il ne s’était pas servi, d’après le règlement, de l’arme lui appartenant.

S’il eût frappé le vieux Peneke du taillant de sa lame, au lieu de le trouer de la pointe, il n’aurait point mérité la déconsidération, il n’aurait pas encouru de punition.

Le revendeur était couché sur le catafalque tristement éclairé par des cierges jaunes. Marie se roulait en sanglotant sur le parquet de sa chambre et s’arrachait les cheveux. Madame Peneke prisait affreusement pour refouler ses larmes, et de nombreux badauds entraient et sortaient, venaient voir