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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

lui et il secouait la tête en murmurant : « C’est cependant un brave garçon, un garçon comme il y en a peu ! »

Dans la journée suivante, à midi juste, Plant entre dans l’antichambre de la maison du comte, salue le valet de chambre et se trouve bientôt en présence de la comtesse.

Quelle différence entre sa manière de se présenter et celle d’Andor chez les Teschenberg ! Marie lui a acheté des gants et une cravate, elle lui a donné une chemise brodée qu’un jeune premier d’un théâtre des faubourgs a engagée avec beaucoup d’autres chez madame Peneke ; elle lui a donné aussi une épingle sur laquelle le valet de l’archevêque a reçu cinquante florins ; bref, elle l’a habillé des pieds à la tête ; mais elle ne lui a pas donné le savoir-faire qui est à lui, bien à lui.

Il se présente d’un air modeste, comme un jeune comte, s’incline comme un lieutenant de hussards et parle comme un livre ; mais, cette fois, il ne s’agit pas de l’Économie nationale de Roscher ; il s’agit de Dumas fils ou de Sardou.

La comtesse est enchantée.

— Vous pourrez entrer en fonctions chez nous, dès demain, dit-elle, en se pelotonnant sur son sopha comme une araignée.