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LE PREMIER PAS VERS LE MILLION

ne jamais rien compléter, de ne jamais rien finir.

— En toi vit encore la vieille foi robuste du charbonnier, — dit Wolfgang, après s’être remis un peu de la boutade d’Andor. Mais parlons de quelque chose qui soit plus pratique ; Plant, j’ai une position à t’offrir.

— Laquelle ?

— Le comte Bärnburg cherche un secrétaire qui puisse en même temps surveiller ses domaines. C’est une situation à enrichir un homme. Je t’ai recommandé. Tu peux donc te considérer comme accepté. Fais bien attention que le comte aime les gens pratiques, les gens ne voyant pas au delà de ce qu’ils ont à faire.

Plant remercia avec chaleur ; ses paupières tremblaient d’émotion. Il se leva et se mit à marcher de droite et de gauche. Il savait, l’homme pratique, de quelle importance serait sa position chez les Bärnburg ; c’était le premier pas vers le million et il voulait être riche à tout prix.

— Le comte Bärnburg ira chez toi, continua Wolfgang, pour te voir, te juger entre tes quatre murs. C’est là une de ses nombreuses manies. Je lui ai dit qu’on te trouvait au logis depuis six heures du soir. Comme il est très-impatient, il se présentera sans doute ce soir même. Il est bientôt six heures ; donc…