Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
LE PREMIER PAS VERS LE MILLION

il se tenait droit, il parlait, il sentait d’une tout autre manière qu’avant.

— Les enfants, fit-il, je partirai bientôt pour l’Italie ; le roi le veut ainsi.

— Pour l’Italie ! répéta Andor.

Si l’envie avait pu trouver place en lui, ce voyage en Italie aurait été la seule chose qu’il eût enviée à son ami.

— Parfait ! dit Plant envisageant le voyage sous son côté pratique. Là tu pourras t’instruire dans ton art. À Vienne, à Florence, à Rome, à Naples, tous les trésors de l’antiquité vont se dérouler devant toi ; tu vas voir dans toute leur vivante originalité les belles œuvres de Benvenuto Cellini, de Michel-Ange, de Jean de Bologne, de Canova.

Wolfgang haussa les épaules et s’écria :

— Le carnaval de Rome m’attire bien plus que tout cela, bien plus que toutes ces vieilleries en marbre.

— Vraiment ?

— Mon Dieu, je sais d’avance ce qui m’attend : quelques chefs-d’œuvres grecs, beaucoup trop naïfs pour notre goût, les imitations de l’antique de Cellini, les œuvres enfiévrées, maladives, de Michel-Ange et enfin les nudités sentimentales de Canova, dans le genre de sa Vénus italienne qu’un Faune