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UN BAL CHEZ LES ROSENZWEIG

de cliquetis, de mouvements de pieds et de cris.

Tout à coup, quelqu’un prit son bras. C’était M. Rosenzweig, qui aimait bien s’entretenir avec les gens nobles, mais qui ne détestait pas non plus de causer avec les gens savants.

— Vous voilà à faire des études, docteur, fit le banquier.

Andor s’inclina gracieusement.

— Peut-on savoir, continua le maître de la maison, ce que vous concluez de vos observations ?

— Si cela vous plaît, monsieur de Rosenzweig.

Le banquier devient rouge de satisfaction, serre plus fort encore le bras d’Andor et lui tapote dans la main en disant :

— Je vous prie, je vous prie !

— Je me disais, M. de Rosenzweig, qu’il faut que nous soyons de fiers hypocrites pour oser réclamer que l’on mette des feuilles de vigne aux belles statues grecques de nos musées, et je me demandais où est le bois de figuiers qui pourrait fournir toutes les feuilles nécessaires dans une salle de bal.

Ibi jacet lepus, docteur, fit le banquier, uniquement pour pouvoir traduire « c’est là que gît le lièvre » et étonner Andor par son latin.

— Une jeune fille qui danse peut regarder toute statue, lire tout livre, continua Andor.