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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

dans un bureau, pour qu’il lui eût été permis de faire précéder son nom de la particule.

Il aurait mieux aimé sortir de table avec la faim, en qualité de « M. de Rosenzweig », que boire chaque jour du champagne, comme M. Rosenzweig tout court, que rencontrer chaque jour un général qui lui avait souscrit un billet alors qu’il était encore lieutenant ou retrouver conseiller de cour un étudiant auquel il avait acheté un vieux pantalon. Cette fatalité de sa vie le rendait accessible à de mauvais sentiments d’envie.

Bien qu’il ne fût pas philosophe, M. Rosenzweig s’entêtait à prendre Arthur Schopenhauer, en particulier, pour une romancière, et entretenait presque continuellement des pensées de mort.

Allait-il en chemin de fer, il lui arrivait toutes les mésaventures possibles en un train, et, à la plus légère secousse, il ramenait prestement ses jambes sur le siége. Il avait entendu dire que dans cette position on risquait moins d’être mis en morceaux.

Sortait-il dans son équipage, il craignait toujours de verser, et recommandait au cocher de ne pas aller si vite, lui répétant qu’il était un bon bourgeois, qu’il ne voulait pas transgresser les ordonnances de police.