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AMOUR ALLEMAND

Il lit donc :

« Monsieur,

» Je pourrais vous tourmenter, vous infliger le supplice de l’incertitude, ainsi qu’il est d’usage chez les jeunes filles, mais je trouve cette manière d’agir aussi peu pratique, aussi ridicule que le sentimentalisme, le romanesque d’autrefois.

» Vous me plaisez. Ai-je de l’amour pour vous ? Je ne pense pas qu’il faille avant tout s’aimer pour s’épouser. Pour moi, le mariage sans amour me promet plus de plaisir qu’un attachement passionné qui nous amène facilement hors du droit chemin. Je n’ai qu’un mot à vous demander en réponse à cette question : voulez-vous faire de moi la baronne Oldershausen ? Oui ou non. Votre — M. »

Oldershausen baise la lettre, demande à Hanna la permission de répondre quelques mots, et après les avoir mis sous enveloppe, il prie la jeune fille d’écrire de sa main l’adresse de son amie. Hanna accède aussitôt à la prière.

Une heure plus tard le baron déposait aux pieds de madame Rosenzweig le pâté, les sardines, le caviar, annonçait que les cartes de visite, le papier n’étaient pas prêts, aidait galamment à endosser le paletot de velours, faisait acte de servitude en mettant les pantoufles et recevait avec une horreur