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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

C’est ensuite le tour de la maman.

— Mon brave homme, fait-elle, vous irez d’abord chez Ranzoni, où vous vous ferez donner pour moi un gros pâté de foie gras, une grosse boîte de sardines et une petite boîte de caviar ; de là, vous irez prendre chez mademoiselle Kronowetter un paletot de velours qu’il faudra porter délicatement ; puis chez Schilling et Ce des cartes de visite, un carton de papier à lettre ; après, vous demanderez chez Schwertmaul, au coin de la rue du Roi et de la rue Olga, si mes pantoufles sont prêtes. Allez et revenez vite ; vous savez qu’un bon pourboire vous attend.

Oldershausen s’en va contrarié. L’amour fait de lui, sans façon, une bête de somme ; mais il n’y a pas à balancer ; il se résigne avec l’espoir de toucher le cœur de la mère par son zèle de commissionnaire, et de faire d’autant plus facilement la conquête de la fille. Il va d’abord remettre la lettre entre les mains d’Hanna.

Hanna l’a reconnu tout de suite ; elle rit et lui donne les lignes que Micheline a enfermées pour lui dans la lettre.

— Oh ! permettez-moi de les lire ici même ; sinon je mourrais de…

— Ne mourez pas et lisez, fait Hanna sur un ton de plaisanterie.