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— Ainsi donc, dit-il d’une voix contenue, en s’avançant, on m’a menti et trompé ?

Martscha ne répondit pas un mot.

— Elle est innocente, répliqua Sandor à son rival furieux ; si tu as à te plaindre, il faut t’adresser à moi.

En un instant, Pista eut enlevé sa bunda et tiré son couteau. Presque en même temps, une lame brillait dans la main d’airain de Sandor. Tandis que ces deux hommes se mesuraient avec des regards pleins de colère, Martscha restait debout à la fenêtre, pâle et muette, les bras croisés sur la poitrine.

Pista se précipita le premier sur Sandor ; mais, celui-ci, par un mouvement adroit, évita le coup et essaya de riposter. Sans proférer un son, les dents serrées, les poings crispés, les deux adversaires tournaient l’un autour de l’autre, en brandissant leur couteau. Sandor avait déjà reçu deux légères blessures, d’où coulait son sang rouge et chaud.

Profitant tout à coup d’un faux mouvement de son adversaire, il le frappa dans le flanc entre deux côtes. Pista chancela et s’affaissa par terre. Il voulut parler ; mais, au lieu de paroles, ce fut un flot de sang qui s’échappa de ses lèvres.

À ce spectacle, Martscha ne fit qu’un bond de sa fenêtre auprès du blessé, sur lequel elle se