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sonores bravos et lança dans la cage sa bourse pleine d’or. Un murmure involontaire parcourut les rangs des spectateurs.

Là-dessus, Irma se prit à frémir, des larmes coulèrent de ses yeux, elle perdit tout contrôle sur elle-même ainsi que sur les fauves qui l’environnaient ; alors, le gros lion leva la tête, la regarda d’un air étonné, puis saisit tout à coup son bras gauche dans ses terribles mâchoires. Un cri d’horreur s’éleva de mille poitrines, mais, en ce même instant, Irma s’était ressaisie. Elle fixa le lion, lui adressa un commandement, et aussitôt le puissant fauve lâcha le bras. Se levant alors, elle empoigna l’indocile brute par la crinière, posa le pied sur elle et la frappa du fouet à fils d’archal jusqu’à ce qu’enfin domptée, la bête vint d’elle-même s’étendre à ses pieds. Un tonnerre d’acclamation et d’applaudissements vint récompenser la vaillante Suédoise.

— Quand se marie-t-il ? telle fut la question qu’Irma adressa à Edgard en quittant la cage.

— Après demain, fut la réponse.

— Veux-tu te charger toi-même d’une lettre pour lui ?

— Dès que tu m’en donneras l’ordre.

— Je te remercie ! Irma lui serra la main, mais Edgard la prit et la couvrit de baisers.