Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 166 —

Les brigands placèrent Bethlémy sur la tête, en plein dans le milieu de la fourmilière et appuyèrent son corps à une jeune souche de chêne qui avait poussé tout près du tronc pourri, puis l’y lièrent solidement.

La belle hyène assistait à l’opération et donna sa plus vive approbation à l’atroce et infernale invention.

Quand la cruelle besogne fut terminée, l’inhumaine se rapprocha et railla son impuissante victime dans les termes les plus horribles. À ce moment, Ursa, échappée en hâte de la czarda, arriva sur les lieux ; les pandours étaient sur la piste des brigands, quant à elle, elle s’était vivement décidée à enfourcher le cheval de Bethlémy et était accourue pour les prévenir, plus pour empêcher qu’on la soupçonnât de trahison, que parce qu’il lui importait de sauver les farouches compagnons.

— Que faites-vous ici ? fit-elle étonnée, dès qu’elle aperçut Bethlémy dans son étrange position.

— Nous aidons le noble seigneur à gagner le Ciel, répondit Eyula.

— Comment ça ?

— Ce moyen est-il si nouveau pour toi, Ursa ? demanda un autre brigand ; m’est avis que la chose a dû arriver assez souvent auparavant par la Poussta.