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seuil de l’obscure pièce qu’il se sentit saisir par deux bras puissants avec une vigueur telle qu’il ne l’avait jamais jusqu’ici rencontrée chez Ursa, qui, avant même qu’il put reprendre haleine, l’entraînèrent avec un élan passionné et le collèrent sur une superbe gorge, tandis que deux lèvres brûlantes de désirs se collaient à sa bouche…

Comme les étoiles commençaient à pâlir au firmament et que les premiers rayons blafards de la lumière naissante du jour commençaient à jeter leur lueur blanche par la chambre, Bethlémy, tout en embrassant voluptueusement la femme à son côté, dit : « Maintenant il nous faut nous séparer ! »

— Jamais, Bethlémy, répondit une voix qui lui parut étrangère et que cependant il lui sembla tout aussitôt connaître, bien que ce ne fut pas la voix d’Ursa. Jamais ! reprit la voix, tu es à moi, à moi à tout jamais, ou la mort si tu préfères !

— Qui est ça ? murmura le jeune gentilhomme. Qui parle ainsi ? Ursa, où es-tu ?

— Je ne suis pas Ursa, mais celle que tu viens d’aimer et d’embrasser ! cria la femme à son côté, puis elle se mit à lancer un éclat de rire folâtre.

— Toi, mon Dieu ! balbutia Bethlémy, cette voix !… serait-ce possible !…

— Je suis celle que tu as méprisée, et qui