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Elle était habituée à se lever à n’importe quelle heure et cela ne la surprit en aucune façon que l’on vint frapper à sa porte après minuit et que trois hommes masqués, armés de pied en cap, pénétrassent chez elle et se fissent servir un bon coup à boire.

Lorsqu’ils eurent pris place et qu’elle fut allée chercher une bouteille de vin vieux qu’elle mit devant eux, l’un des voleurs qui, à juger par sa mine et par ses vêtements, paraissait le plus jeune et le plus distingué de la bande, posant son bras sur sa hanche, dit : « Ma belle enfant, veux-tu me faire un plaisir ? »

— Pourquoi pas ! répondit la fille, une brûlante et vraiment belle Hongroise, mais dont les traits portaient le sceau de la plus basse débauche. Là-dessus, elle considéra son interlocuteur, tout en laissant glisser sa forte main sur la large fourrure dont son attila[1] était richement bordé, et il lui vint à la pensée que la personne qui se trouvait devant elle ne devait pas être un voleur, mais quelque riche et beau jeune homme.

— Qui te paie bien et te fait encore un présent par dessus, doit être gentiment reçu, Ursa, s’écria un des compagnons du beau jeune homme.

  1. Vêtement de femme hongrois.