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Comme enfin ces dernières l’abandonnèrent, il tomba à terre comme une souche de bois.

— En voici assez, laissez-moi mourir ! murmura-t-il.

— Pas encore, crièrent les filles ; elles paraissaient éprouver une jouissance bestiale à martyriser la pauvre victime sans défense. Elles posèrent Steinfeld à terre sur le dos et l’enchaînèrent solidement sur le plancher. Puis elles lui appliquèrent aux pieds les brodequins, le plus effroyable instrument de torture que l’imagination des bourreaux espagnols ait jamais inventé, elles délièrent les mains, puis lui placèrent les doigts dans des poucettes à étau qui lui firent gicler le sang des ongles. Par bonheur pour lui, il perdit connaissance.

On appela la vieille, elle le rafraîchit, puis dit : « Finissez-en avec lui, ma douce petite colombe de Sarolta, il est trop bas, il n’en a pas pour longtemps ! »

— Mais si je ne veux pas, s’écria la belle hyène en trépignant du pied de colère.

— Alors il sera mort avant, répondit la sorcière.

— C’est bien alors, arrêtez, ordonna Sarolta à ses deux valets de bourreau femelles qui remisèrent de suite les instruments de torture et détachèrent Steinfeld.