Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 149 —

ton enfant et le sien, qui faillit à Goldrain t’arracher la vie d’un coup de pistolet ! Maintenant, redoute Sarolta Parkany, qui empoisonna son époux et s’est liée à des brigands pour le doux plaisir de se venger des hommes et par dessus tout de toi ! Regarde-moi bien ! je suis la femme qui fait trembler des milliers de gens, que tout le monde considère capable des pires actes sanguinaires, de toutes les cruautés, — la hyène de la Poussta !

— Grâce ! grâce !… implora le baron, tombant sur ses genoux.

Pour toute réponse, elle lui lança un éclat de rire haineux et impitoyable, tout en frappant dans ses mains. Aussitôt ses deux servantes, Ersabeth et Iéla, l’une et l’autre vêtues de velours couleur de sang, s’élancèrent de la pièce voisine, s’emparèrent de Steinfeld, lui lièrent les mains au dos, puis lui mirent des fers aux pieds.

— Que veux-tu faire de moi ! demanda le malheureux tremblant de tous ses membres.

— Te juger ! répondit-elle avec une majesté démoniaque.

— Tu vas me tuer ! s’écria-t-il.

— Sûrement, mais j’entends que tu meures à petit feu, fit-elle haineusement. Un coup de poignard ou un breuvage empoisonné seraient pour toi un soulagement qui ne saurait me satisfaire.