Page:Sacher-Masoch - Les Batteuses d’hommes, 1906.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 135 —

naient une expression complètement différente, encore bien plus voluptueuse, grâce à son teint devenu plus mat et plus délicat.

Finalement, sa superbe poitrine paraissait encore plus pleine et plus majestueuse. C’est pourquoi le baron Steinfeld ne put la reconnaître, d’autant moins qu’elle s’abstint de parler beaucoup et que, d’ailleurs, le son de sa voix avait perdu sa fraîcheur première et que, au lieu du charmant dialecte viennois, elle parlait maintenant la belle mais froide langue hanovrienne.

La conversation devint bientôt des plus animées. Sarolta apprit ainsi que Steinfeld avait acheté des propriétés situées près de Kurzem, joignant celles de la comtesse, sur lesquelles il s’était établi avec sa femme et les deux filles qu’elle lui avait données ; elle devina bientôt qu’il n’était pas heureux en ménage et que son union était troublée par de sombres chagrins qui lui avaient ravi toutes ses illusions. Dès que la princesse eut acquis la conviction que Steinfeld ne la reconnaissait pas, ne soupçonnait même pas qu’il l’avait sous les yeux, elle se mit avec une adresse audacieuse à lui décocher toutes les flèches de sa coquetterie. Steinfeld, qui, dès le premier moment, s’était senti ébloui par la beauté démoniaque de la princesse, se