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à l’autel. Au lieu d’une couronne d’oranger, l’ancienne écuyère portait un diadème étincelant de brillants, au lieu de la robe blanche de l’innocence, elle avait revêtu une robe de velours rouge garnie d’hermine avec un voile et une traîne de moire antique blanche relevée de dentelle de Bruxelles. Les témoins étaient Emerich von Bethlémy et un certain vieux comte Czapari. Après une vibrante allocution sur le mariage, le père Pistian consacra les époux.

Comme Sarolta quittait la chapelle au bras de son époux, le prince Parkany, un sourire étrange courut sur les lèvres sensuelles de la nouvelle princesse. Elle était enfin arrivée au but !…

Le lendemain de la cérémonie, le Prince dut se rendre à Pesth y faire une emplette pour sa femme. Vers le soir, le père Pistian se fit annoncer. Comme il entra, Sarolta, vêtue d’un vaporeux négligé, sur lequel elle avait passé une jaquette de velours bleu garnie d’hermine, reposait sur un épais canapé. Elle salua le prêtre en riant.

— Vous êtes bien pressé, fit-elle, de venir prendre votre récompense.

— Pourrais-je vous adorer autrement, répondit Pistian.