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Le Prince versa des larmes et témoigna du plus profond repentir, mais protesta que cela lui coûterait la vie s’il lui fallait se séparer de la femme qui était son idole.

Finalement, le rusé confesseur émit l’avis qu’il avait à dessein si finement réservé. Il donna au Prince le conseil d’épouser Sarolta. Le pauvre pécheur reprit haleine et loua ce conseil, disant que sans plus tarder il allait s’y conformer.

Rentré au château, il manda Sarolta. Elle est allée se confesser, répondit la vieille. Une heure plus tard, la belle femme, vêtue d’une toilette sombre, les yeux rougis de larmes, revint elle-même et, s’agenouillant sur son prie-Dieu, se donna l’air d’être profondément absorbée en prières. Survint le prince qui s’arrêta sur le seuil de la pièce, le courage lui manquant d’interrompre Sarolta. Elle avait perçu ses pas, mais fit semblant de ne pas l’avoir remarqué. Enfin, elle se leva, soupira longuement, puis épongea ses larmes. Se tournant vers le prince, elle parut effrayée à sa vue, s’appuya un instant sur le dossier d’un siège, puis, paraissant avoir mis de côté tout orgueil, se jeta à genoux devant lui.

— Il nous faut nous séparer, s’écria-t-elle, feignant d’être secouée par de violents sanglots. Je t’en conjure, ne me rends pas cette sépara-