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ensemble, s’il n’y a pas moyen de nous aider l’un l’autre. Je ne nie pas que je pourrais vous aimer, mais je ne me risquerais jamais comme maîtresse du prince à vous prêter l’oreille. Si c’était découvert, il ne me resterait plus qu’à mendier. Vous possédez une grande influence sur l’esprit du prince ; décidez-le à faire de moi sa femme et je vous appartiens !…

Pistian, transporté, se jeta aux pieds de la belle femme qu’il adorait et jura de la servir en tout, et ajouta, qu’en instrument docile, il ferait tout ce qu’elle exigerait de lui.

Le prince, qui comme tous ces aristocrates, manquait souvent volontiers aux préceptes de la morale, était extérieurement un pieux pratiquant et fréquentait régulièrement l’église, n’oubliant jamais d’aller chaque mois à confesse. Le père Pistian avait jusqu’ici eut la prudence de ne lui rappeler que d’une façon détournée et presque vague l’obéissance que tout fidèle doit aux commandements de l’Église ; mais, comme le mois suivant, le Prince, d’un air humble et contrit, s’était agenouillé au banc de la pénitence, le curé commença par lui adresser de graves remontrances sur son immoralité vis-à-vis l’Église et l’État quant à sa liaison irrégulière avec Sarolta et, finalement, exigea qu’il la quittât sous peine d’encourir tous les châtiments temporels et éternels.