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compte de ce qui allait se passer, l’avaient solidement ligoté.

Tout en lançant à l’infortunée victime les plaisanteries les plus cruelles, les deux belles aides-bourrelles de Sarolta ouvraient une trappe qui conduisait au rez-de-chaussée et entraînaient le malheureux par un escalier tournant jusqu’à une espèce de cachot situé au bas de cet escalier, suivies de la cruelle tyran. Là, le condamné, était attaché à un poteau, puis Sarolta, aidée de Iéla et d’Ersabeth, le frappait jusqu’au sang avec une paire de longs kantschus, éprouvant à cette besogne une sorte de plaisir diabolique. Puis on l’abandonnait là toute la journée, tirant sur ses membres endoloris et mourant de faim. Voir souffrir des hommes était devenu pour l’ancienne écuyère une sorte de jouissance voluptueuse.

Or, les amis et voisins du prince qui venaient en visite au château Parkany et participaient aux brillants banquets, aux chasses et aux parties de traîneau organisés par Sarolta, formaient-ils une espèce de cour à cette femme impérieuse et pétulante, bien qu’ils eussent eu, plus d’une fois, à souffrir de ses caprices souverains et de ses fantaisies cruelles.

Un jour, elle fit tomber du plafond une véritable averse sur toute la société, une autre fois,