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les jambes nues dans la neige. — Toi aussi, mon camarade, tu es de l’ouvrage bousillé. Comment a-t-on fait pour tasser ainsi tes reins puissants ? Et ton visage, ou ce qui t’en tient lieu ! Deux trous percés à la vrille pour tes yeux noirs, tandis que la peau trop ample fait de vilains plis autour de ta bouche ; les coins des yeux descendent, et le nez trop petit se retrousse, avec deux trous dont un seul suffirait pour tes deux yeux. Aussi tu es jaune comme l’envie, et tu enfonces ta tchapka de tricot par-dessus tes crins noirs jusqu’à tes oreilles longues et pointues.

Le personnage principal était sans conteste Frinko Balaban. Son âge, qui eût pu le dire ? mais c’était un homme. En quel lieu qu’on le rencontrât, dans les rangs, dans sa commune, ici dans ce bivac, on ne pouvait ne pas le voir. Sa taille svelte était serrée dans une redingote de couleur chamois par une ceinture de cuir noir verni. Il était boutonné jusqu’en haut, et lui seul avait un vieux foulard autour du cou et son pantalon militaire, en drap bleu déjà usé, retombant sur la botte selon la mode de la ville. À la ceinture étaient accrochés un long couteau et une blague à tabac qui lui servait à bourrer sa pipe courte. Les autres étaient tous armés de faux ou de fléaux ; Frinko tenait sur ses genoux un fusil à un seul coup. Outre deux médailles de service, il en avait une troisième sur la poitrine. Un bonnet pointu en peau d’agneau donnait à sa tête fine la dignité d’un rabbin et l’air féroce d’un janissaire ; ce bonnet concourait avec les cheveux bruns taillés