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nous apporter lui-même un siège, et nous invita à prendre part au repas.

— Tiens, tiens ! s’écria le comte, je crois que vous avez des pirogui[1] ; est-ce Marcella qui les a préparées ?

— Sans doute, répondit dame Hania ; les aimes-tu, mon enfant ?

— Mais il faudrait de la crème aigre avec, dit le comte.

L’insouciance qu’il témoignait blessait évidemment la pauvre Marcella ; elle se leva, quitta la table, et alla s’asseoir sur le banc du poêle, dans le coin le plus obscur.

— Tu auras ta crème, dit la vieille nourrice. Liska, vas-en chercher, vite.

La petite Lise ne fit qu’un bond, et revint avec une grande jatte.

— Maintenant mange, mon enfant, dit Hania.

— Je ne me le ferai pas dire deux fois, répondit le comte. Je suis sur pied depuis cinq heures du matin, j’ai une faim de loup, et j’ai toujours eu un faible pour les pirogui.

Il s’attabla sans façon et se mit à manger à belles dents. Quand il eut fini, le vieux Nikita essuya avec soin la cuiller, et prit la parole.

— On dit, monsieur le comte, que vous avez fait venir ces nouvelles machines qui sèment et battent le blé toutes seules ?

  1. Mets national, sorte de boulettes de farine de blé noir, farcies de fromage.