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la tête enveloppée de son fichu couleur de feu, ressemblait vaguement à une bohémienne ou à un démon ; elle tenait une faucille dans sa main droite pendant qu’elle étendait l’autre main comme pour repousser le comte ; elle semblait l’avertir, le menacer, et lui, très pâle, essayait de sourire. Jamais je ne l’avais vu ému à ce point. Je pressai le pas pour les rejoindre.

Marcella, en reculant toujours, se trouvait adossée à la clôture ; elle leva la faucille, et, comme il voulut l’étreindre, elle l’en frappa sur la tête.

Un flot de sang jaillit aussitôt ; mais en un clin d’œil il lui eut arraché la faucille pour la jeter loin de lui. Alors il la prit dans ses bras ; en vain elle tenta de le repousser de ses deux mains tendues et du genou, il l’enleva et la pressa sur sa poitrine, et son sang ruissela sur elle.

Le lendemain, le comte descendit un peu plus tard que de coutume au jardin, où nous prenions alors notre déjeuner ; il avait un bandage sur la tête, mais ne paraissait ni pâli ni fatigué, bien qu’il eût perdu beaucoup de sang, et semblait au contraire de belle humeur.

— Que penses-tu que je ferai maintenant ? me dit-il d’un ton enjoué et avec un sourire moqueur.

— Que tu vas renoncer à tourmenter cette brave fille.

— Cette brave fille, je vais l’épouser, mon ami.

Le soir, après vêpres sonnées, nous étions tous assis devant la chaumière, comme si rien ne fût changé, et cependant, pour deux cœurs honnêtes,