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voisine. Qui est-ce qui me demande ? — Un moment après parut sur la porte une vénérable matrone d’une taille élevée et en cheveux blancs. Ses yeux s’étant arrêtés sur le comte, — mon Dieu ! s’écria-t-elle d’une voix hésitante, serait-ce possible ? Est-ce toi, Sacha ?

Déjà le comte était pendu à son cou, et la vieille femme sanglotait et couvrait de baisers son visage basané. — Sacha, mon enfant, mon enfant chéri ! répétait-elle en balbutiant ; gloire à Dieu ! comme tu as bonne mine ! et cette barbe qui t’a poussé ! Venez donc tous, Marcella, Nikita, Ève, venez ! Voici mon enfant, mon Sacha !

En un clin d’œil, la hutte s’était remplie, et de jeunes têtes curieuses s’avançaient autour de nous.

— Voici mon gendre Nikita Tchornochenko, dit la nourrice ; viens donc saluer monsieur le comte.

— Monsieur, je vous tire ma révérence, dit le paysan avec un léger embarras et sans quitter les ciseaux qu’il tenait à la main. Vous avez bien fait de venir nous voir ; mais où est donc Marcella ?

Marcella s’approcha.

— C’est ma seconde fille, poursuivit Nikita ; voici l’aînée.

Une jeune femme fort jolie, aux cheveux noirs et au profil oriental, qui tenait un enfant sur ses bras, s’inclina en souriant.

— C’est ma fille Ève, et voilà Bodak, son mari, — il désigna du doigt un jeune paysan qui à ce moment vint baiser l’épaule du comte ; — ils ont