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CLAIR DE LUNE


I

C’était par une claire et tiède nuit d’août : je revenais de la montagne, le fusil sur l’épaule ; mon grand chien noir, de race anglaise, me suivait fatigué, tirant la langue. Nous avions perdu la route. Plus d’une fois, je m’arrêtai pour m’orienter ; le chien alors s’asseyait et me regardait.

Devant nous s’étendait un pays doucement ondulé de collines boisées. Au-dessus des arbres noirs se montrait le disque rouge de feu de la lune dans son plein. D’orient en occident, tranquille et majestueux, coulait le fleuve scintillant des étoiles ; au nord, la Grande Ourse brillait tout près de l’horizon. De légères vapeurs montaient d’un petit marais bordé de saules, où tremblait une lumière verdâtre ; dans les roseaux se faisait entendre la voix plaintive du butor. À mesure que nous avancions, le paysage s’éclairait de plus en plus ; les rideaux d’arbres s’effaçaient des deux côtés, et la plaine s’étalait sous nos yeux comme une mer verte au sein de laquelle flottait, semblable