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LA JUDITH DE BIALOPOL

lui posa son pied sur la nuque. Les soldats l’enchaînèrent aussitôt. Abrahamek, tremblant, regarda son juge dont il ne pouvait espérer de miséricorde.

Tout à coup, il s’écria :

— Prends garde à celle-ci, elle n’est là que pour t’assassiner.

Le pacha se retourna vers Judith.

— Connais-tu cet homme ? demanda-t-il.

— Comment ne le connaîtrais-je pas ? dit-elle avec calme, c’est mon mari. La jalousie l’a poussé dans ton camp et à cet acte insensé.

— Et qu’as-tu à répondre à son accusation ?

— Si mon intention avait été de te tuer, pourquoi l’eût-il lui-même essayé ?

— C’est juste, répliqua le chef. Je te crois, Judith, et, pour que cet homme, qui t’accuse injustement, soit puni selon son crime, tu décideras toi-même du châtiment, le plus cruel que ta ruse de femme pourra imaginer.

La belle Judith parut réfléchir.

— Fais-le étendre sur un gril et allumer un feu dessous, dit-elle après un moment.

Abrahamek jeta à sa femme un regard épou-