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LA JUDITH DE BIALOPOL

Les Turcs ne tentèrent pas un second assaut. Déjà, les habitants de la ville et jusqu’au prudent staroste, s’abandonnaient à l’espoir que les affreuses hordes allaient lever le siège et partir. Mais ils se trompaient. Le pacha, devant Bialopol, suivit l’exemple du grand Vizir devant Zurawno ; il investit la ville afin de l’affamer.

Cette tactique, inusitée chez les Turcs, était la seule juste. Malgré la fière assurance du staroste déclarant au Parlementaire ennemi que la ville avait de quoi tenir un an, au bout de quatre semaines, le manque de provisions de bouche se fit cruellement sentir et les habitants, si vaillants dans la défense, se laissèrent gagner par le découragement.

L’héroïne du Ghetto se désespérait. Comme ses coreligionnaires, elle s’était vêtue de gris. Accroupie dans un coin de la maison, elle priait, jeûnait et lisait les Livres Saints.

Un soir, le Turc, son esclave, se présenta inopinément devant elle.

— Jette ces vêtements, Maîtresse, lui dit-il, car