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BOVO

prêtait admirablement à une exposition artistique ; mais, comme les moulages d’après l’Antique rapportés de Rome, s’y trouvaient, la belle et astucieuse femme avait évidemment caressé l’espoir qu’ils enlèveraient à Cellini la plus grande part de son succès.

— C’est comme s’il nous fallait traverser les Fourches caudines, remarqua Cellini à Ascanio, en se grattant la tête. Eh bien, nous verrons si Dieu m’abandonne.

Il dressa son Jupiter du mieux qu’il put et attendit. La figure en argent du Roi des Dieux tenait dans sa main droite la foudre, prête à la lancer ; dans sa gauche, le globe céleste. Entre les zigzags symbolisant les éclairs, Benvenuto avait adroitement fixé une bougie en cire.

La marquise d’Étampes avait retenu le Roi jusqu’au crépuscule, pour joindre à tous les autres inconvénients le manque d’éclairage. Mais le résultat fut tout autre.

Aussitôt, que vint l’obscurité, Benvenuto alluma la bougie que Jupiter tenait avec la foudre, au-dessus de sa tête, et la lumière, tombant d’en haut en scintillant, sur la statue du dieu, produisit un éclairage magique, très supérieur à celui du jour.