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BOVO

dant ce temps, les élèves, tous armés, avaient rejoint leur maître, parmi eux, Ascanio et Paul, et jusqu’au chapelain Pépin lui-même, qui tremblait de froid et de peur dans sa longue robe de chambre.

— Ne vous l’avais-je pas dit, maître ? balbutia-t-il. Je connais Bovo. Il n’y a pas à plaisanter avec lui. En un clin d’œil, il revêt une autre forme et, sous chacune, nous joue une autre farce.

— C’est parfaitement exact, affirma Arquelin. D’abord il m’attira sous la forme d’une femme voilée, puis il me cogna avec un poing volumineux comme un tonneau de bière, ensuite il m’a terrassé et enfermé dans cet abominable sac ; après quoi il a parlé avec une voix semblable au tonnerre ou à la voix du Seigneur sur le mont Sinaï, et m’a frappé avec une épée flamboyante, comme celle que tenait le chérubin qui chassa l’homme du paradis. Finalement, pour me railler, il prit la voix de ma fiancée et dansa une sarabande sur mon corps.

— Il me semble, monsieur, observa Ascanio, que vous avez un peu trop bu, ou bien l’on s’est permis de vous jouer une farce peu convenable. Mais je pense que nous aurons facilement raison de ce Bovo, en fermant toutes les portes et en fouillant le château.