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UN NOUVEAU LÉANDRE

avec lui, ce qui produisit une énorme sensation, sensation qui fut portée à son comble quand la belle et admirée duchesse de Vaudemont manda un chambellan pour inviter le capitaine à se rendre auprès d’elle.

Le jeune et beau cavalier s’avança d’un pas gracieux, et un murmure d’admiration passa dans l’assistance. Agrippine rayonnait de plaisir, et Dubois pensa qu’il était plus agréable de défiler devant les baïonnettes des Anglais que devant un aussi grand nombre de beaux regards curieux ; mais il n’en laissa rien paraître.

— Que ce serait bon, s’écria Agrippine entraînée par la joie du moment, de passer ainsi toute notre vie l’un auprès de l’autre.

— Oui, Agrippine, repartit le capitaine, c’est un bonheur auquel je n’ose pas penser. Il m’apparaît en rêve pour me tenter et me ramener à la triste réalité.

— Un héros doit forcer le destin.

— Oh, Agrippine, la vie n’est pas un bal où un pauvre officier peut oser toucher la main d’une riche duchesse.

Agrippine se tut. Rentrée chez elle, elle se jeta en pleurant dans un coin de son canapé.