Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
LOUP ET LOUVE

Peire Vidal, le chanteur, qui vous a fait danser avec son luth.

— Tout le monde peut prétendre cela, dit Adalasie. Attends un peu, je vais t’apprendre à effrayer les paisibles humains. Je saurai bien te faire détaler.

Elle continuait de le frapper sans pitié, quand Folquet la saisit par le bras.

— Tu entends, Adalasie, il parle avec une voix humaine, c’est donc vraiment un loup-garou. Il est blessé et nous pourrions facilement l’achever. Mais alors il ressusciterait à minuit et viendrait nous étrangler. Aussi vaut-il mieux l’épargner, s’il promet de ne point nous faire de mal.

— Jure, commença la bergère qui, dans sa courte peau d’agneau, ressemblait à une amazone scythe, le pied posé sur l’ennemi abattu qu’elle écrasait sur le sol, jure par ton maître, seigneur Satan.

— Je jure, répondit Vidal, mais venez à mon aide, car je suis, comme vous, un malheureux mortel.

La bergère retira enfin son pied de dessus le blessé et se concerta avec Folquet. Par bonheur, Privol passait à ce moment sur le chemin, conduisant son troupeau.