Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
LOUP ET LOUVE

me suis laissé coudre dans cette peau de loup, sur les ordres de la louve de Penautier, pour errer, en son honneur et à sa gloire, sur les monts de Gabaret, jusqu’à ce que, touchée par mon amour et mon humilité, elle m’accorde la suprême récompense d’amour.

— Vous recherchez les joies vaines de l’amour et vous parlez d’humilité ! Vidal ! Vidal ! rentre en toi-même, il en est temps encore !

— Il me semble plutôt qu’il serait temps de manger et de boire quelque chose, s’écria le troubadour.

— Chez moi, l’on ne trouve point de délicatesse.

— Vous avez bien un petit morceau de viande et une gorgée de vin.

Ce fut au tour d’Aimeric à éclater de rire.

— Oui-dà, le vin que notre bon seigneur fait couler du rocher, grommela-t-il en souriant, et des baies qui, sur son ordre, poussent dans la forêt. Ils sont à ta disposition.

Vidal soupira.

— Maigre pitance ! Mais la faim me tenaille. Donnez donc !

Tandis que l’ermite entrait dans sa caverne chercher une corbeille de fraises et de mûres