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LOUP ET LOUVE

défendre. Vidal partit d’un éclat de rire, qui se répercuta, lugubre, contre les parois des rochers.

— Ah c’est ainsi ? railla le saint homme, tu t’allies à l’enfer pour venir me tenter ? C’est bon. Tu me trouveras veillant, que tu te présentes sous la forme d’une bête ou sous celle d’une femme séduisante à regarder.

Il courut à la caverne et en revint, tenant d’une main un bénitier et, de l’autre, un puissant goupillon.

Vidal salua ces préparatifs d’un nouvel accès d’hilarité. Puis, quand le pieux Aimeric l’eut aspergé d’une bonne quantité d’eau bénite, il lui dit de sa voix naturelle :

— Regardez-moi donc. Je suis Peire Vidal, le troubadour.

— C’est toi, Peire Vidal ? fit L’ermite. Vois comme la main de Dieu, ainsi que je te l’avais prédit, s’est vite abattue sur toi ! Ainsi le ciel, t’a châtié de ta vie de péchés et t’a transformé en une bête de la forêt ?

— Finissez-en avec vos billevesées, repartit le troubadour en se dressant sur ses deux genoux. Je suis toujours le même et personne d’autre ne m’a transformé que Privol, le pâtre, par qui je