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LOUP ET LOUVE

et que les chauves-souris se missent à tirer leurs bordées silencieuses entre les murailles grises. Alors seulement, elle se leva, alluma l’un des cierges du candélabre en argent repoussé, que son mari avait rapporté d’Italie, tira d’un meuble un encrier, une plume et du papier et, s’asseyant à la table devant la cheminée, commença à écrire… Elle était assise sur un coffre en bois à haut dossier, recouvert de coussins et de tapis qui en faisaient un siège fort confortable ; ses pieds reposaient sur la moelleuse peau de loup.

Elle écrivait lentement, pesant chaque lettre, car, en ce temps, les paroles des dames ne coulaient pas encore facilement de la plume sur le docile papier. Pourtant, dans le courant de la soirée, elle réussit à formuler tout ce qu’elle avait à dire, sur les quatre grandes pages in-quarto qu’elle avait à sa disposition. En les relisant, elle se sentit grandement satisfaite et croyait s’entretenir avec le destinataire en personne, car, sans le savoir, elle lisait tout haut, en accentuant les mots expressifs qu’elle avait dessinés, pour les mettre en valeur, avec de l’encre rouge, et s’échauffa au point qu’elle termina sa lecture en un éclat de rire.

La missive, entourée d’une feuille blanche, fut