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LOUP ET LOUVE

pant les troncs d’arbre de son bec, ou le cri mélancolique du butor. Quand les branches barraient la route, Loba qui chevauchait en tête, les cassait et les jetait en plaisantant à la figure de son troubadour, lequel les rejetait à quelque autre derrière lui, et rires et facéties se propageaient jusqu’au bout du cortège. Parfois, on apercevait sur un tronc obscur, un petit écureuil rouge toisant de ses yeux noirs étincelants les hôtes inusités. Des aigles planaient dans les airs et quand une légère brise se soulevait, froissant les cimes des pins, des hêtres et des chênes, une odeur réconfortante de résine se répandait ; de l’herbe verte et mouvante, montait comme un arôme d’encens.

Vers midi, on atteignit la clairière entourée de la muraille verdoyante des arbres et recouverte d’un tapis de hautes herbes que paraient de broderie les fleurs multicolores, formant une salle idéale sous la coupole de saphir.

Au bout de la clairière, les valets de Loba avaient dressé une immense tente en toile verte, dont la nuance s’appareillait à la couleur de la forêt. Des cordes vertes retenaient ce toit aérien à de petits piquets enfoncés dans le sol, tandis qu’à la clé de