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LOUP ET LOUVE

point reçu par Loba. Vers le soir, seulement, il fut admis à pénétrer dans son appartement et ne trouva point l’accueil auquel il s’attendait, mais un regard sombre et une mine renfrognée.

Pourtant, la louve n’en voulait qu’à son propre cœur, qui aimait, malgré elle, le jeune et beau héros, et s’interdisait cet amour comme une dangereuse imprudence. Pour éviter toute explication, elle proposa une partie d’échecs.

Pendant qu’ils étaient assis l’un en face de l’autre dans l’embrasure de la fenêtre, de lourdes tentures les isolant de tout le reste du monde, et que les jolis doigts de la louve en posant ou prenant les pièces, atteignaient du même coup la plaie douloureuse de son cœur, Foix pencha vers elle sa belle tête, encadrée de boucles flottantes d’où s’échappaient de doux parfums enivrants, par dessus l’échiquier, et murmura tout bas :

— Vous m’avez ensorcelé hier, belle Comtesse, oui, tout à fait empoisonné de vos lèvres.

— En ce cas, on ne vous permettra plus de les baiser, repartit la louve en prenant une pièce.