Page:Sacher-Masoch - La Pantoufle de Sapho et autres contes, 1907.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
213
LOUP ET LOUVE

vassal, votre esclave. Ne le suis-je pas déjà, en dépit de votre volonté et de la mienne ? Votre beauté m’a mis à votre service à jamais. Je ne veux être que votre chose, votre bien, un valet qu’il vous est loisible de vendre, de donner, voire même de tuer, si cela vous plaît. Je ne veux obéir qu’à vous et être heureux quand vous condescendrez à me donner des ordres ou à me maltraiter pour vous passer le temps.

Loba avait fixé ses yeux sombres sur la peau de loup à ses pieds. Foix attendait en silence sa réponse. Enfin, elle se décida à le regarder, et croisant les bras sur sa poitrine, elle dit :

— Je ne vous aime point, je ne vous aimerai jamais. Si, malgré cela, vous voulez être mon champion, n’ayant aucune raison de refuser les services d’un aussi noble seigneur, je vous agrée.

— Merci, ma souveraine, merci mille fois, s’écria le Comte en extase.

— Bien entendu, comme vassal, compléta-t-elle avec vivacité, ne l’oubliez point, comme un esclave obéissant sans réplique, muet. Vous considérez cela comme une grande faveur ?

— Pour moi, la plus grande, murmura le Comte. Et vous me permettez d’arborer vos couleurs ?