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LOUP ET LOUVE

droite, sortirent de la salle de bain se dirigeant vers le tilleul, où elles firent bienveillant accueil aux chanteurs inconnus.

Un joli page aux boucles claires enserrées d’un ruban rouge, apporta sur un plateau une coupe en verre de Venise artistement ornée et une cruche d’argent ciselé. Loba saisit la cruche, emplit la coupe, la porta à ses lèvres et la tendit à Faidit, qui la vida en l’honneur de la belle hôtesse du château de Gabaret.

Tandis que les dames prenaient place sur les sièges de gazon qu’ombrageaient les branches de l’arbre hospitalier, le troubadour se fit donner le luth, l’accorda et entonna un lai à la louange des femmes. Les serviteurs occupés dans la cour, interrompirent leurs travaux pour écouter. Pendant ce temps, Peire Vidal s’approchant de la truande, lui glissait à l’oreille :

— Regardez donc, Delphine, n’est-elle pas toujours la plus belle, créée pour commander aux hommes et pour inspirer les poètes ? Sa chevelure ne coule-t-elle pas comme de la lumière ? Sa taille est mince comme celle d’une fourmi, ses lèvres sont plus rouges que la flamme, plus parfumées que l’ambroisie.