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LA FONTAINE AUX LARMES

tout entière à travers le grillage doré, on avait dressé deux piquets très effilés du bout. La garde du corps du Khan formait, tout autour, un carré, le personnel du palais faisant demi-cercle derrière les soldats.

Sur un signe du Khan, les eunuques amenèrent le prisonnier, les chaînes aux pieds, les mains liées sur le dos. Ils le placèrent au centre du carré, le dénudèrent jusqu’aux hanches et l’attachèrent au piquet le plus court. Kiamil vérifia la solidité des chaînes, puis rejeta sa pelisse, s’arma d’un fouet à nœuds et se plaça derrière le condamné, tourné vers le kiosque.

Le Khan frappa dans ses mains. Aussitôt le noir démon se mit à brandir son fouet sur les épaules du condamné. Les coups tombaient drus, déchirant la chair avec une violence terrible. La princesse était assise, appuyée sur sa main, la joue collée contre le grillage et les yeux attachés sur le malheureux dont le sang se répandait en ruisseaux rouges sur la terre. Pendant longtemps, il se tut, puis il commença à prier et, enfin, à gémir tout bas.

Après environ cent coups, il tomba sans connaissance sur le sol. Les eunuques le ramassèrent