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LA FONTAINE AUX LARMES

sous les amples plis de ses vêtements, était tout à son avantage, le faisant paraître plus grand et plus imposant. Il portait de larges pantalons de soie blanche, noués sous le genou, retombant sur ses souliers en cuir rouge cousu d’or et somptueusement bordés de zibeline noire. Une longue tunique de même étoffe, serrée aux hanches par une étroite ceinture d’or incrustée de diamant et dans laquelle était passé l’étui rouge d’un poignard, tombait en larges plis jusqu’à ses chevilles. Sur ses cheveux coupés ras, posait un turban de soie blanche, orné d’une aigrette de diamants. Son visage affiné, au nez aquilin surmontant une bouche petite, ornée de dents éblouissantes, ses sourcils noirs et bien arqués ombrageant des yeux d’un éclat singulier, mêlaient une énergie virile à un charme féminin, caractère qu’accentuait encore l’absence de toute barbe. Ce prince semblait né pour voir hommes et femmes à ses pieds.

C’est ce que sentit le captif, quand le regard de Kerim l’effleura négligemment. Poussé par une puissance invisible, il se jeta à terre et toucha du front les pierres brûlantes que les pas du despote venaient fouler. Puis, tout ému encore de