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EAU DE JOUVENCE

Après la messe, la Comtesse et ses femmes étaient retournées au château, qu’Isabelle, agenouillée dans le confessionnal, priait encore.

Dès qu’il la vit, son frère courut à elle et la serra convulsivement dans ses bras.

— Eh bien, qu’as-tu remarqué depuis que nous ne nous sommes vus ? demanda-t-il enfin. Les choses se passent-elles comme le peuple le raconte ?

— J’ai peur que oui, répondit la jeune fille. À chaque pleine lune, l’une des jeunes personnes qui font le service de la Comtesse, disparaît. Les dernières se sont enfuies. Il n’y a plus que moi et je m’attends au pire. Sauve-moi de cet antre de l’enfer, si tu le peux.

— Cela ne suffit point. Je veux démasquer le monstre et le livrer au châtiment mérité. Toutes mes mesures sont prises. À la prochaine nuit de lune, tu laisseras ta fenêtre ouverte et attacheras ceci à la croisée.

Il avait tiré de sa poche une échelle de cordes, qu’il tendit à sa sœur.

— Maintenant adieu. Sois sans inquiétude. Nous sommes tous entre les mains de Dieu.

Après l’avoir embrassée une dernière fois très tendrement, Koloman s’éloigna en boitant.