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VI

LA VESTALE

La nature, c’est le péché.
FAUST (2e partie).

Dragomira se leva le lendemain de bonne heure et écrivit d’abord une lettre à sa mère, puis un billet de deux lignes au commissaire de police Bedrosseff, l’ami de son père. Cela fait, elle sonna ; Cirilla apparut, lui baisa la main et apporta le déjeuner. Quelques minutes plus tard arriva aussi le vieux serviteur qui avait déchargé les bagages. Il avait une livrée. Ses yeux rusés erraient sans cesse tout autour de la chambre.

« Comment te nommes-tu ?

— Barichar, pour vous servir.

— Occupe-toi de faire parvenir cette lettre au commissaire de police, dit Dragomira en lui tendant le billet parfumé.

— Ce sera fait, maîtresse. »

Barichar se glissa vers la porte, sans faire de bruit, le dos un peu voûté comme un chat.

« Je dois encore vous faire observer, dit-il en s’arrêtant, que pour tout le monde je suis sourd et muet, ma noble demoiselle. »

Dragomira lui répondit par un signe de tête. Quand Barichar se fut éloigné, elle prit son café, et s’habilla ensuite avec l’aide de Cirilla.

« Tu m’accompagneras, dit-elle, debout devant la glace.

— Dès que vous le désirerez.

— As-tu les vêtements nécessaires pour avoir l’air d’être ma tante ?

— Tout a été prévu. »

Quelques minutes plus tard, les deux femmes quittaient la