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LA PÊCHEUSE D’AMES.

« Nous connaissons cette bande d’assassins, » s’écria le jésuite.

La vieille fit un signe de croix, « Ce sont de braves gens, dit-elle, des gens bienfaisants, des amis des malheureux, qui soignent les malades, qui donnent à manger à ceux qui ont faim.

— Ouvre la maison, » dit l’employé.

La vieille ouvrit la porte. L’employé, Glinski, Zésim et trois agents se précipitèrent dans l’intérieur, le revolver à la main. On visita toutes les chambres sans trouver rien de suspect. Les gens de police étaient fort embarrassés.

« Il doit y avoir des chambres souterraines, » dit tout bas le jésuite à l’employé.

Celui-ci questionna de nouveau la vieille.

« Je ne sais rien, je vous le jure, dit-elle, il y a là une cave, et voilà tout. »

L’employé descendit dans la cave avec Zésim et un des agents, pendant que le jésuite, avec les deux autres, inspectait le sol. Il enleva les fourrures et les tapis et finit par trouver dessous un plancher recouvert de cuir tout neuf, ce qui excita ses soupçons. Il frappa dessus en différents endroits et découvrit une place qui sonnait creux. Les agents arrachèrent le cuir, qui était solidement cloué, et aperçurent une trappe dont on avait ôté la poignée de fer. Les autres agents furent appelés ; on souleva la trappe qui tourna sur ses gonds ; on alluma toutes les lanternes qui se trouvaient là, et l’on descendit lentement avec toutes sortes de précautions.

En avant marchaient deux agents ; venait ensuite l’employé avec Zésim et Glinski. Le troisième agent gardait l’entrée de l’escalier. Le cortège qui pénétrait dans ces sombres et mystérieux souterrains arriva d’abord dans le petit cachot noir où Henryka avait subi son épreuve. Il y avait dans ce cachot une porte de fer qui était fermée. La serrure résista à tous les efforts. Un des agents remonta et rapporta des leviers et des haches. On finit par réussir, mais avec beaucoup de peine, à enfoncer la porte. Elle ouvrait sur un corridor qui conduisait aux autres cachots et à la salle voûtée où les condamnés avaient été mis à la torture. On ne trouva rien dans cette salle que des instruments de supplice de toutes sortes. Les autres portes furent alors brisées et un horrible spectacle s’offrit aux regards.

Dans le premier cachot était une fosse nouvellement creusée ;