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LA FEMME SÉPARÉE

La solitude me rendit plus sérieuse, plus sage, plus tranquille.

Julian fonda un grand journal : la Zorja[1]. Il paraissait chaque semaine et obtint un grand succès populaire. Chaque dimanche, nos paysans se rassemblaient autour d’un tonnelet de bière, et le diak[2] leur faisait la lecture à haute voix.

Ce nouveau travail, cette agitation, le remirent complètement.

Il ne m’en voulut plus autant.

Lorsqu’il apprit que j’étais sa première abonnée, il m’envoya par Henryk une caisse de cigarettes.

Le cadeau était insignifiant, mais je lui sus gré de cette attention, et, l’automne venu, lorsque je partis pour Méran, je le fis saluer amicalement.

Un soir, je reçus un paquet. L’adresse était de Julian. Je l’ouvris tout émue. J’y trouvai un manuscrit portant pour titre : Les amours d’un idéaliste.

Au-dessous, pas une ligne.

Je lus ces tristes aveux, assise sur les belles ruines de Zenoburg, ayant derrière moi ces débris de la félicité humaine et à mes pieds la verdure

  1. L’Aurore.
  2. Chantre.