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LA FEMME SÉPARÉE

— Mais cela ne se peut pas ! m’écriai-je. Il l’a brûlée.

En effet, il l’avait brûlée en ma présence. J’adressai, à ce propos, de violents reproches à Mezischewski. Je lui fis comprendre que c’était infâme à lui d’accepter de l’argent de Julian, et de le tromper de la sorte.

Il ne répondit rien.

Lorsqu’il revint me voir, il tira une traite de son portefeuille. Elle était de deux cents florins, portait la signature de Julian et la sienne. Lorsque je la lui rendis, il la déchira et la jeta au feu. Il m’avait donc menti pour me séduire ; c’était un faussaire.

Ce qui me causa aussi un grand chagrin, ce fut de découvrir que Julian avait eu raison en me conseillant de me méfier des soins de Mezischewski. Je commençai, au bout de peu de temps, à tousser et à cracher le sang ; je maigris, mon teint se décomposa, et quand je fis appeler les meilleurs médecins de la capitale, ils furent tous d’accord pour décider que les médicaments de Mezischewski m’empoisonnaient lentement. Mon état empirait rapidement. Vous voyez que j’expiais durement ma faute. Oui, mon ami, on trompe si longtemps les autres qu’on finit par se tromper soi-même.

Ce fut à cette époque que Turkul nous revint.

Il avait voyagé, mené une vie joyeuse pour